Punir et réparer : deux actes fondamentaux de la justice qui nous placent au cœur de l’acte de juger. Ils commandent tout procès criminel, de l’instruction au verdict, car il s’agit d’émettre une sentence qui soit une sanction susceptible de réparer le mal que le crime a pu produire en lésant à la fois la chose publique et les victimes. Cette perspective générale sert de toile de fond à la justice criminelle. Sans l’oublier, les différentes communications de ce livre traitent d’un aspect plus délicat et fort heureusement moins commun, celui d’une justice qui a puni à tort. Elles posent la question de savoir comment réparer le dommage causé à celui qui a été mal jugé, à plus forte raison quand il s’agit d’une condamnation à mort ou, à partir de l’abolition de la peine capitale en 1981, d’un emprisonnement à vie. Est-il alors possible de réparer le tissu déchiré, la vie brisée d’un individu et de sa famille et, en réparant, même sous la forme solennelle de la réhabilitation dans la grand-chambre de la Cour de cassation aujourd’hui ou dans celle du parlement de Paris hier, quelle image de la justice en ressort-il ? Comment expliquer ces failles de l’acte de punir ? Les responsabilités sont lourdes mais aussi complexes, qu’il s’agisse des juges aux différents degrés de la procédure ou de la société dont ils sont issus, cette société qui, depuis que la justice a été confiée à des juges professionnels, continue à peser de tout son poids et reste prompte au lynchage en même temps qu’elle peut pousser à la réhabilitatio…