« La Chambre empêtrée dans une crise sans précédent depuis un siècle ». C’est en ces termes que la presse américaine évoquait l’an dernier l’élection du Président de la Chambre des représentants des États-Unis. Le républicain Kevin McCarthy fut en effet élu le 7 janvier 2023 président, plus précisément Speaker, de cette assemblée au terme du quinzième tour d’un scrutin étalé sur cinq jours. De manière singulière et pour la première fois depuis 1923, la Chambre des représentants dut organiser plus d’un tour de scrutin pour élire son président. Sur ces entrefaites débuta un mandat pour le moins difficile à la présidence et qui connut une conclusion inattendue, car sans précédent : la destitution de Kevin McCarthy le 3 octobre 2023.
Les conditions dans lesquelles Kevin McCarthy s’était présenté au scrutin fin 2022 n’étaient pas politiquement idéales, mais n’annonçaient pas l’incertitude du scrutin et a fortiori la déconvenue de la destitution. Ainsi, le futur président de la Chambre avait déclaré sa candidature aux républicains le 9 novembre 2022, lorsque fut connu l’essentiel des résultats des midterms. Ceux-ci étaient au demeurant décevants pour le parti de l’intéressé, dès lors que les démocrates consolidaient leur majorité au Sénat et que les républicains n’obtinrent finalement, à la Chambre, qu’une faible majorité constituée de 222 membres, soit une quinzaine de sièges de moins que prévu au sein de ce 118e Congrès. La candidature de Kevin McCarthy fut approuvée le 15 novembre en réunion de majorité à la Chambre, par 188 voix, contre 31 au représentant ultraconservateur de l’Arizona Andy Biggs…