Notes
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[1]
Trois ouvrages séminaux sont : Jerome H. Skolnick, Justice without Trial: Law Enforcement in a Democratic Society, New York : John Wiley & Sons, Inc., 1966 ; Egon Bittner, The Functions of the Police in Modern Society: A Review of Background Factors, Current Practices, and Possible Role Models, Chevy Chase, Md., National Institute of Mental Health Center for Studies of Crime and Delinquency, Crime and Delinquency Issues, 1970 ; Albert J. Reiss, The Police and the Public, New Haven : Yale University Press, 1971.
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[2]
John P. Crank, Understanding Police Culture, Abingdon : Routledge, 2e éd., 2004 ; Peter K. Manning, Police Work: The Social Organization of Policing, Prospect Heights, IL : Waveland Pr Inc, 2e éd., 1997 ; Dominique Monjardet, « La culture professionnelle des policiers », Revue française de sociologie, 35 (3), 1994, p. 393-411 ; Jerome H. Skolnick, Justice without Trial: Law Enforcement in a Democratic Society, New York : Wiley, 3e éd., 1994 ; Malcolm Young, An Inside Job: Policing and Police Culture in Britain, Oxford : Oxford University Press, 1991 ; Simon Holdaway, Inside the British Police: A Force at Work, Oxford : Basil Blackwell, 1983.
-
[3]
Clifford Shearing et Richard V. Ericson, « Culture as Figurative Action », British Journal of Sociology, 42 (4), 1991, p. 481-506.
-
[4]
P. A. J. Waddington, « Police (Canteen) Sub-culture: An Appreciation », British Journal of Criminology, 39 (2), 1999, p. 287-309; Janet Foster, « Police Cultures », in Tim Newburn (ed.), Handbook of Policing, Cullompton : Willan Publishing, 2003, p. 196-227 ; Eugene A. Paoline, « Taking Stock: Towards a Richer Understanding of Police Culture », Journal of Criminal Justice, 31 (3), 2003, p. 199-214.
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[5]
Dominique Monjardet, Ce que fait la police, Paris : La Découverte, 1996 ; Jerome H. Skolnick, Justice without Trial, 3e éd., op. cit. ; John K. Muir, Police: Streetcorner Politicians, Chicago : Chicago University Press, 1977.
-
[6]
Eugene A. Paoline, « Taking Stock: Towards a Richer Understanding of Police Culture », art. cité ; Robert Reiner, The Politics of the Police, Oxford : Oxford University Press, 2000 ; John P. Crank, Understanding Police Culture, op. cit.
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[7]
Dominique Monjardet, Ce que fait la police, op. cit. ; Jerome H. Skolnick, Justice without Trial, 3e éd., op. cit. ; John Van Maanen, « The Asshole », in Peter K. Manning et John Van Maanen (eds.), Policing: A View from the Street, New York : Random House, 1978, p. 221-237.
-
[8]
Egon Bittner, « The Police on Skid-Row: A Study of Peace Keeping », American Sociological Review, 32 (5), 1967, p. 699-715 ; P. A. J. Waddington, « Police (Canteen) Sub-culture: An Appreciation », art. cité.
-
[9]
Jerome H. Skolnick, Justice without Trial, 3e éd., op. cit. ; John Van Maanen, « The Asshole », op. cit.
-
[10]
Janet Foster, « Police Cultures », op. cit.
-
[11]
John P. Crank, Understanding Police Culture, op. cit. ; Eugene A. Paoline, « Taking Stock: Towards a Richer Understanding of Police Culture », art. cité ; Jerome H. Skolnick et James J. Fyfe, Above the Law. Police and the Excessive Use of Force, New York : The Free Press, 1994.
-
[12]
Dominique Monjardet, Ce que fait la police, op. cit.
-
[13]
Jerome H. Skolnick, Justice without Trial, 3e éd., op. cit.
-
[14]
Dominique Monjardet, « La police : professionnalisme et modernisation », in Philippe Warin (dir.), Quelle modernisation pour le service public ? Les usagers au cœur des réformes, Paris : La Découverte, coll. « Recherches », 1997, p. 131-151.
-
[15]
Jean-Hugues Matelly et Christian Mouhanna, Des chiffres et des doutes, Paris : Michalon, 2007 ; Peter K. Manning et Jennifer Hunt, « The Social Context of Police Lying », Symbolic Interaction, 14 (1), 1991, p. 51-70.
-
[16]
Janet B. Chan, Changing Police Culture : Policing in a Multicultural Society. Cambridge : Cambridge University Press, 1997.
-
[17]
Robert Reiner, The Politics of the Police, op. cit.
-
[18]
Dans les polices anglo-saxonnes, la plupart des policiers sont recrutés à la base et commencent leur carrière dans les services de voie publique. Tous partagent l’expérience de la patrouille. Ce creuset commun de la socialisation professionnelle engendre des cadres de pensée moins hétérogènes que dans la police française, où coexistent une variété de modes de recrutement et où la spécialisation professionnelle intervient dès l’entrée dans la police. Pour une discussion de la littérature sur la culture policière, voir Fabien Jobard et Jacques de Maillard, Sociologie de la police. Politiques, organisations, réformes, Paris : Armand Colin, coll. « U », 2015, p. 99-110.
-
[19]
Janet Foster, « Police Cultures », op. cit.
-
[20]
P. A. J. Waddington, « Police (Canteen) Sub-culture: An Appreciation », art. cité.
-
[21]
Didier Fassin, La force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, Paris : Seuil, 2011.
-
[22]
Fabien Jobard, « Anthropologie de la matraque », La Vie des idées, 29 novembre 2011, <http://www.laviedesidees.fr/Anthropologie-de-la-matraque.html>.
-
[23]
Herman Goldstein, « Improving Policing: A Problem Oriented Approach », Crime and Delinquency, 25 (2), 1979, p. 236-258 ; James Q. Wilson et George Kelling, « Broken Windows: The Police and Neighborhood Safety », Atlantic Monthly, 249 (3), 1982, p. 29-38 ; Robert Trojanowicz, An Evaluation of the Neighborhood Foot Patrol Program in Flint, Michigan, East Lansing : The National Neighborhood Foot Patrol Center, Michigan State University, 1982.
-
[24]
Anthony A. Braga et Christopher Winship, « Partnership, Accountability, and Innovation: Clarifying Boston’s Experience with Pulling Levers », in David Weisburd et Anthony Braga (eds.), Police Innovation: Contrasting Perspectives, Cambridge : Cambridge University Press, 2006, p. 171-187.
-
[25]
Michael J. Palmiotto, Community Policing. A Police-Citizen Partnership, New-York ; Routledge, 2011 ; Stephen Mastrofski, « Community Policing: A Skeptical View », in David Weisburd et Anthony A. Braga (eds.), Police Innovation: Contrasting Perspectives, op. cit., p. 44-73 ; Wesley G. Skogan et Susan M. Hartnett, Community Policing, Chicago Style, New York : Oxford University Press, 1997.
-
[26]
Johannes Knutsson (ed.), Problem-Oriented Policing, Boulder : Lynne Rienner Publishers, 2010 ; Anthony A. Braga et David Weisburd, « Problem-Oriented Policing: The Disconnect Between Principles and Practices », in Id. (eds.), Police Innovation: Contrasting Perspectives, op. cit., p.133-154 ; Herman Goldstein, Problem-Oriented Policing, New York : McGraw-Hill, 1990 ; John Eck et William Spelman, « Problem-Solving: Problem-Oriented Policing In Newport News », in Geoffrey P. Alpert et Roger G. Dunham (eds.), Critical Issues in Policing: Contemporary Readings, Long Grove, IL : Waveland Press, 4e éd., 1989.
-
[27]
Tom R. Tyler, « Police Legitimacy », The Annals of the American Academy of Political and Social Science, 593, 2004, p. 84-99 ; Tom R. Tyler, , Stephen Schullhofer et Aziz Z. Huq, « Legitimacy and Deterrence Effects in Counterterrorism Policing: A Study of Muslim Americans », Law and Society Review, 44 (2), 2010, p. 365-402 ; Tracey L. Meares, « The Legitimacy of Police Among Young African-American Men », Marquette Law Review , 92 (4), 2009, p. 651.
-
[28]
Robert Reiner, The Politics of the Police, op. cit.
-
[29]
James Q. Wilson, Varieties of Police Behavior, Cambridge, Ma. : Harvard University Press, 1968.
-
[30]
Sur les styles de police, voir également l’introduction de l’article de Jacques de Maillard et Matthieu Zagrodzki dans ce dossier.
-
[31]
P. A. J. Waddington, « Police (Canteen) Sub-culture: An Appreciation », art. cité ; Janet B. Chan, Changing Police Culture, op. cit.
-
[32]
Dominique Monjardet, Ce que fait la police, op. cit.
1 Les sociologues ont commencé à travailler sur la police dans les années 1960 aux États-Unis, quand le racisme et les violences policières participèrent au déclenchement de nombreuses émeutes urbaines qui firent près de 200 morts entre 1964 et 1968. Les enquêtes ethnographiques américaines qui ont donné son essor à la sociologie de la police ont imputé aux cadres professionnels du travail policier la responsabilité de cet état de fait [1]. Ces travaux développent la thèse selon laquelle la culture professionnelle qui prédomine dans le monde policier comporte une série de traits qui constituent une source structurelle de tensions avec une partie de la population.
2 La culture professionnelle est définie, dans ces recherches, comme la manière dont les policiers voient le monde qui les entoure et conçoivent leur rôle au sein de celui-ci. Elle forme un système de croyances et de modèles de comportement qui indique aux policiers la « bonne façon » d’aborder leur métier, de lui donner sens et de le pratiquer au quotidien [2]. Elle ne détermine pas mécaniquement les conduites, mais induit une sensibilité et une mentalité qui permettent aux policiers de former des interprétations adéquates et d’improviser des réponses appropriées face à une infinie diversité de situations particulières [3].
3 Ces premières analyses sociologiques du travail policier considèrent que les forces de l’ordre constituent un milieu professionnel plutôt homogène, dont les membres sont porteurs de représentations et de pratiques relativement uniformes. Ces recherches critiquent un certain nombre d’aspects de la culture policière qui, selon elles, poussent les agents à commettre des abus, des violences injustifiées et à développer une attitude indifférente aux attentes légitimes des citoyens [4].
4 L’origine de ces traits négatifs se situe dans la confrontation quotidienne des policiers avec les difficultés de leur environnement de travail. La culture policière est le produit des expériences vécues par les professionnels face aux enjeux, contingences et vicissitudes qu’ils rencontrent régulièrement dans l’exercice de leur métier. Elle se construit et évolue en fonction des appréhensions que ressentent les policiers vis-à-vis des tâches malaisées ou risquées qu’ils ont à effectuer, mais aussi du sort qui leur est réservé dans l’organisation dont ils sont les rouages. En opérant une lecture croisée des travaux pionniers de sociologie du travail policier, on peut dégager cinq problématiques centrales de la culture policière.
I. Cinq logiques professionnelles générant des tensions entre police et population
5 La première a trait au racisme. Les policiers incarnent le bras armé de l’État et représentent la loi dans l’ordre du quotidien. Tout affront qui leur est fait peut être interprété comme une contestation du pouvoir politique et comme une remise en cause du système juridique. Si le policier perd le contrôle de la situation lors d’interactions conflictuelles, c’est la puissance publique qui se trouve discréditée. Cela est considéré comme une faute professionnelle et peut valoir une sanction à l’intervenant qui n’a pas su maîtriser l’incident. Les policiers cherchent donc à prendre l’ascendant et imposer le respect à chaque fois qu’ils exercent leur autorité [5]. Il est primordial, pour un policier en intervention, d’assurer son autorité sur toutes les personnes en présence. Cela les amène à nourrir une profonde aversion envers les groupes sociaux les plus récalcitrants à se soumettre à leur autorité. Les catégories de population où existe une propension importante à défier la police sont étiquetées comme dangereuses et nuisibles. Elles deviennent l’objet de méfiance et d’hostilité systématiques de la part des policiers, qui adoptent à leur égard un comportement discriminatoire et usent contre elles d’une violence excessive [6]. La culture professionnelle se fait le véhicule de préjugés racistes vis-à-vis des minorités ethniques, ce qui empêche les policiers de se comporter de façon équitable quand ils ont affaire à eux.
6 La deuxième problématique concerne l’idée que les policiers se font de leur propre travail, à savoir la répression de la délinquance. La majeure partie des policiers est convaincue que le rôle premier de la police est de protéger les honnêtes citoyens contre les criminels qui veulent s’en prendre à leur personne ou à leurs biens [7]. Les policiers s’identifient massivement à des combattants du crime, quand bien même la lutte contre la délinquance ne représente qu’une portion mineure de leur activité réelle. Ils tendent à voir la population comme des suspects potentiels ou des sources d’information plutôt que comme des citoyens. Le revers de cette survalorisation du mandat répressif est la dépréciation des tâches de tranquillité publique, qui constituent pourtant le gros du travail. Les missions de service à la population sont considérées par beaucoup de policiers comme du « sale boulot » ou du travail « d’assistante sociale » [8]. Ce tropisme policier en faveur de la répression du crime est accentué par la formation initiale, le prestige des services d’enquête, les critères de performance utilisés pour évaluer les agents. Il entretient l’idée d’une police virile et peu encline à remettre en cause les normes traditionnelles de genre.
7 Un troisième aspect de la culture policière porte sur le pouvoir discrétionnaire des policiers, en particulier quand ceux-ci sont en patrouille. Les policiers se perçoivent comme des remparts contre le désordre. Ils se conçoivent comme des gardiens de la morale publique et des défenseurs de l’ordre social à l’échelle de la communauté locale [9]. Bien souvent, observent les sociologues, les policiers définissent eux-mêmes la frontière entre, d’une part, ce qui constitue un dérangement tolérable et, d’autre part, ce qui représente une perturbation inacceptable justifiant leur intervention. Ils décident eux-mêmes, sur la base de leurs propres critères, qui doit être considéré comme une personne respectable et qui doit être tenu pour un fauteur de trouble, de sorte qu’ils appliquent un traitement différencié aux uns et aux autres [10]. L’attitude autoritaire et conservatrice des policiers à l’égard de leurs administrés entraîne l’isolement social et le repli sur soi de ce groupe professionnel [11]. Il en résulte une coupure vis-à-vis du monde extérieur, qui fait obstacle aux échanges d’information et à la collaboration avec la population et avec les tiers institutionnels.
8 Un quatrième point porte sur la relation des policiers avec l’organisation qui les emploie et avec les pratiques de gestion que celle-ci met en œuvre. Bien que jouissant d’une importante autonomie opérationnelle, les personnels des services de police sont contraints de s’adapter au système de contrôles et de sanctions qui encadre leur activité [12]. D’une manière générale, l’évaluation des performances professionnelles est réalisée sur la base des actions mesurables de l’activité policière (nombre d’amendes infligées, de flagrants délits, de gardes-à-vue, d’affaires élucidées, etc.). Le management exerce sur les opérateurs une « pression à la productivité » [13]. Le pouvoir organisationnel est considéré par de nombreux sociologues de la police comme étant nécessairement déconnecté du terrain, autoritaire, arbitraire et aliénant. Il soumet les personnels à une injonction contradictoire, puisqu’il leur impose une impérieuse obligation de résultats et, en même temps, exige de leur part le respect scrupuleux d’un lourd carcan de règles et de procédures formelles ou, autrement dit, d’une rigoureuse obligation de moyens [14]. Dans ces conditions, beaucoup de policiers croient qu’il est impossible d’effectuer le travail de terrain sans prendre des libertés avec le règlement et la déontologie, libertés qu’ils convient de dissimuler à la hiérarchie en maintenant une apparence de conformité sur le plan des formalités administratives [15]. Une autre conséquence de la fracture entre la base et le sommet est la résistance active aussi bien que passive que les policiers de terrain opposent à toute tentative de réforme émanant de la hiérarchie, surtout si les changements demandés visent à faire participer la population à la conduite des activités policières [16].
9 Enfin, une cinquième problématique concerne le rapport que les policiers entretiennent avec les acteurs extérieurs intervenant sur les mêmes problèmes qu’eux, et qui prétendent avoir leur mot à dire sur l’action policière : juges, travailleurs sociaux, journalistes, chercheurs, associations d’habitants… Les policiers prêtent volontiers à ces outsiders des intentions hostiles. Ces groupes sont jugés fondamentalement incapables de comprendre la condition policière. Ils sont perçus comme étant prêts à saisir la moindre occasion de prendre la police en défaut. C’est pourquoi les policiers excluent de leur faire confiance, de partager avec eux des informations sensibles, aussi bien que de s’engager à leurs côtés dans de véritables coopérations [17]. Dans les situations où existent des tensions entre police et population, les autres acteurs de la sécurité ne sont pas portés à prendre l’initiative de collaborer avec les services de police, car ils craignent que le rapprochement ainsi opéré ne nuise à leur propre crédibilité vis-à-vis du public.
II. Vers une reconnaissance de la variété des pratiques policières
10 La tonalité critique des premières recherches sur le travail policier s’inscrit dans le contexte des années 1960 aux États-Unis, et d’un certain nombre de scandales retentissants comme le comportement de la police de Chicago à la Democratic National Convention de 1968, ou la répression de la mutinerie des prisonniers d’Attica en 1971. Cette tonalité critique n’est sans doute pas étrangère aux affrontements entre monde universitaire et monde policier qui caractérisent, durant les années 1960, le contexte américain de contestation de la guerre du Viêt-Nam et de lutte pour les droits civiques.
11 Un des reproches qu’on peut faire à ces travaux est de s’intéresser principalement aux policiers de base, et plus spécifiquement aux agents de terrains chargés d’opérer les patrouilles dans les grandes villes anglo-saxonnes. L’attention des chercheurs se focalise également sur les policiers engagés dans la lutte contre la revente de stupéfiants, qui réalisent la part la plus visible de l’activité répressive de la police. La matrice culturelle des street cops est considérée comme la culture policière par excellence [18]. Les traits culturels propres aux autres catégories de professionnels, par exemple l’encadrement ou les agents d’investigation, sont tenus pour négligeables [19]. L’existence de corps de métier, qui diffèrent les uns des autres par la nature des missions et des tâches qui leur sont confiés, est largement ignorée. Cette littérature a, selon Janet Foster, tendance à minorer la présence, dans certains segments de l’univers policier, de valeurs professionnelles auxquelles le monde académique ne trouve rien à redire, comme le professionnalisme, le légalisme, ou le sens du service public (évidemment pas partagés par tous, comme le suggèrent les différents scandales évoqués plus haut). Les approches critiques, qui visent à expliquer le caractère systémique des déviances policières, tendent à se focaliser sur les traits négatifs qu’elles identifient dans la culture policière. Pour autant, ces approches n’en précisent pas le poids relatif et la portée effective, pas plus qu’elles ne déterminent le point jusqu’auquel la « culture professionnelle dominante » l’est réellement et dans quelle proportion [20]. Pour autant, le grand mérite des travaux ayant mobilisé le concept de culture professionnelle pour penser les rapports police-population est d’avoir bien mis en évidence les logiques professionnelles pouvant entraîner la dégradation des relations avec les administrés. Ces recherches ont marqué la sociologie de la police d’une empreinte forte et durable. Elles connaissent, jusqu’à aujourd’hui, trois types de prolongements.
12 Le premier est une littérature critique qui retrouve les mêmes travers dans les représentations et les pratiques policières pour expliquer les relations conflictuelles entre police et population. Aujourd’hui, cette littérature ne se réfère plus guère à la notion de culture, mais on peut observer une constance dans les traits explicatifs du comportement policier : goût pour la violence, volonté d’imposer son autorité par la force, conservatisme, intolérance, cynisme, machisme, racisme, fermeture aux coopérations avec la société civile, refus de la transparence et du contrôle citoyen, mépris de la loi sous couvert de la faire respecter, préférence pour la répression pénale et dédain pour les troubles non criminels qui incommodent la population. La force de l’ordre de Didier Fassin témoigne de la vivacité de cette tradition critique dans le contexte français [21]. On peut évidemment émettre des réserves sur le type d’inférence susceptible d’être faite à partir de l’observation d’une seule unité [22]. Mais le succès de l’ouvrage n’est pas étranger au contexte délétère des relations entre polices et minorités : depuis quarante ans, les émeutes se succèdent en banlieue et elles sont presque toujours déclenchées par un incident avec la police.
13 Les multiples courants de recherche qui se consacrent à la réforme des méthodes policières constituent une deuxième forme de prolongement des travaux initiaux sur les rapports police-population. Ces analyses s’inscrivent dans le sillage d’Herman Goldstein, qui théorise le fait que la police concentre ses ressources sur les procédures et les équipements au lieu de s’intéresser à la sécurité des habitants ; de James Q. Wilson et George Kelling, pour qui le rôle du policier devrait être de réenclencher des dynamiques de contrôle social informel au niveau local ; et de Robert Trojanowicz, dont le Flint Foot Patrol Program suggère que des patrouilles pédestres pourraient réduire le fossé entre polices et minorités [23].
14 Cette veine réformatrice étudie, en même temps qu’elle promeut, le développement de nouveaux modes d’exercice de la police. Même si l’on peut distinguer différentes approches des transformations, ces courants ont tous en commun de viser une meilleure inscription territoriale de l’action policière et un rapprochement des forces de police avec leurs publics et partenaires institutionnels [24]. Les organisations policières sont appelées à adopter une démarche de service à la population. Celle-ci doit être orientée vers la prise en charge des troubles – qu’elle qu’en soit la nature – qui provoquent un sentiment d’insécurité parmi les habitants. Pour ce faire, la police doit privilégier les modes d’action qui préservent la paix sociale et favorisent le développement des territoires, en particulier la prévention sociale, la lutte contre les incivilités et la réduction des vulnérabilités que les délinquants peuvent exploiter. Elle doit associer les habitants à la définition de ses priorités d’action et développer des coopérations avec tous les acteurs institutionnels susceptibles de contribuer à la réduction de l’insécurité au niveau local. Ce nouveau paradigme d’action a trouvé son expression la plus aboutie dans deux doctrines professionnelles, le community policing [25] et le problem-oriented policing [26], qui ont été développées aux États-Unis pendant les années 1980. Les travaux plus récents sur l’équité procédurale et la confiance dans la police s’inscrivent également dans cette veine [27].
15 Enfin, une troisième tradition de recherche fait apparaître un pluralisme du milieu professionnel policier et de ses rationalités, qui est lui-même le reflet de la variété des missions de police et de l’hétérogénéité des expériences de travail affrontées par différentes catégories de personnels [28]. Pour les tenants de cette tradition pluraliste, les postures qu’adoptent les policiers à l’égard de leurs différents publics dépendent d’une variété de facteurs : la nature du territoire d’intervention (urbain ou rural, beaux quartiers ou quartiers sensibles) ; les caractéristiques de l’organisation d’appartenance ou du service d’affectation (taille, degré de division du travail, style de gestion, mode d’évaluation des performances, etc.) ; la nature de la tâche effectuée (management, patrouille, enquête judiciaire, maintien de l’ordre, contrôle routier, etc.) ; la place que l’agent occupe dans la hiérarchie ; ses caractéristiques et sa trajectoire sociale ; les compétences relationnelles qu’il a acquises via la formation, la socialisation et l’expérience ; son rapport aux procédures formelles qui encadrent la réalisation de son travail (code de déontologie, règles d’intervention…) ; les types de contact qu’il privilégie pour construire son capital relationnel au sein de la population (préférence pour les échanges confidentiels avec des partenaires institutionnels, pour les échanges publics dans le cadre de comités partenariaux, pour les échanges bilatéraux secrets avec des sources humaines, etc.) ; les contrôles internes et externes auxquels le policier est soumis ; les politiques et discours institutionnels en matière de rapports police-population ; le niveau d’attention et de mobilisation de différents acteurs sociaux (médias, partis politiques, syndicats, associations de défense des droits…) à l’égard des pratiques policières jugées abusives, etc.
16 Un des travaux fondateurs des approches pluralistes est Varieties of Police Behavior de James Q. Wilson [29]. Ce livre met en lumière la variété des « styles » de rapport à la population qui caractérisent les différentes organisations policières. Certaines placent l’accent sur le maintien des normes de civilité et la lutte contre les désordres (watchman), d’autres donnent la priorité à la satisfaction des demandes de la population et à la participation aux politiques locales de sécurité (service), d’autres encore privilégient l’application de la loi et la répression du crime (legalistic). Ces styles d’action sont influencés à la fois par les politiques organisationnelles que mène la direction, par les spécificités du ressort territorial (urbain, périurbain ou rural) et des types de population qui y vivent (poids démographique des jeunes, des couches défavorisées, des minorités ethniques…), ainsi que par les attentes des habitants vis-à-vis de la police (préférence pour la répression ou pour la médiation). James Q. Wilson souligne le rôle considérable que jouent la hiérarchie, ses stratégies et ses modes de management dans la formation de la culture d’organisation locale. L’orientation d’un service vers tel ou tel style de relations police-population est en grande partie la conséquence de choix politiques opérés par ses chefs, notamment en ce qui concerne les priorités d’action et la répartition des ressources entre les différentes spécialités fonctionnelles [30].
17 Les recherches pluralistes ont notamment montré que la diffusion des approches axées sur la territorialisation et la prévention (de type community policing) a moins provoqué un changement de la culture professionnelle des policiers qu’une différenciation de leurs logiques d’action. En effet, dans la mesure où ces approches reposent sur une démarche en réseau, elles induisent un accroissement des interdépendances et des interactions entre les policiers et les autres acteurs de la sécurité. Les expériences de collaboration avec des partenaires extérieurs se multiplient, ce qui a pour effet de faire évoluer le regard d’une partie des policiers sur les intervenants appartenant à d’autres professions, de les ouvrir à des conceptions autres que répressives du contrôle de la déviance, ainsi que de revaloriser à leurs yeux le travail de tranquillité publique au service de la population [31].
18 Enfin, les approches pluralistes se distinguent par leur souci de restituer les effets propres du cadre juridique sur les représentations et les pratiques policières. Cette tradition souligne l’hétérogénéité des formes de relation au droit qu’entretiennent, dans divers contextes, différentes catégories de policiers. Ceux-ci adoptent en effet des attitudes variées vis-à-vis des lois et règlements auxquels ils sont soumis ou qu’ils doivent faire respecter, depuis l’obéissance aveugle jusqu’au mépris assumé, en passant par diverses formes d’adhésion conditionnelle, d’application sélective et d’instrumentalisation stratégique [32]. D’autre part, les travaux pluralistes montrent que les cadres légaux et institutionnels propres à chaque pays influencent les philosophies et modalités d’action de ses forces de police. Par exemple, le droit américain offre de plus larges possibilités que le droit français de poursuivre pénalement les groupes de jeunes qui provoquent des troubles, si bien que les polices américaines ont tendance à adopter une approche plus répressive des « phénomènes de bande » et les forces de sécurité française une approche plus préventive.
III. Des analyses sociologiques soucieuses de restituer les multiples facettes du travail policier
19 Les articles qui sont présentés dans ce dossier sont résolument empiriques. La complexité et la richesse dont ils rendent compte interdisent une catégorisation arbitraire dans l’une ou l’autre des trois traditions que nous venons d’évoquer. Il s’en dégage cependant une image nuancée du travail policier aujourd’hui.
20 La contribution de Marie Morelle porte sur la manière dont les policiers « produisent » leurs territoires d’action. Cette « fabrique du territoire policier » met en jeu différents processus. Elle commence par le découpage de zones sensibles par les autorités publiques. Ces espaces institutionnels sont ensuite « appropriés » par les acteurs policiers. Cela signifie que les intervenants de terrain construisent des représentations et des cartes mentales du territoire et de ses habitants et, en même temps, y déploient une présence, des activités spécifiques et des styles d’action dans le rapport aux populations. Selon Marie Morelle, les territoires étiquetés comme sensibles sont globalement perçus comme extérieurs et hostiles : « les cités incarnent des espaces à reconnaître et à conquérir, à quadriller avec le risque d’être à découvert et de s’exposer au danger ». Pour autant, diverses formes d’appropriation des lieux peuvent être distinguées, qui correspondent à autant d’enjeux de « construction d’une clientèle policière » et donc de rapport aux populations résidantes. Le territoire peut être appréhendé sous l’angle de la reconquête et de la restauration de l’ordre, sous celui de l’anti-délinquance (la cité comme « terrain de chasse »), sous celui du maintien de la paix sociale, ou encore sous celui du renseignement. La posture adoptée varie selon les individus et les groupes à l’intérieur des services de police, et fait l’objet de débats internes.
21 Jacques de Maillard et Matthieu Zagrodzki étudient aussi des patrouilles et se concentrent sur les pratiques de contrôle d’identité dans deux villes françaises. Ils étudient les variations des modes d’intervention en fonction des unités à l’intérieur d’une même circonscription de police et selon les types de public auxquels les policiers ont affaire (origine ethnique des individus contrôlés). Même s’ils identifient une pluralité de styles d’action, qui s’articulent autour de trois dimensions principales (orientation vers l’anticriminalité ou vers le contrôle du territoire, démarche réactive ou proactive, attitude consensuelle ou orientée vers la confrontation), ces deux auteurs concluent néanmoins à l’existence d’une « logique dominante qui consiste dans la valorisation du contrôle proactif comme élément central du répertoire professionnel. Cette logique favorise des interactions conflictuelles que les policiers maîtrisent avec difficulté ». Ce style d’action se caractérise par l’interprétation extensive que les policiers font de la suspicion raisonnable et par le rapport distant qu’ils entretiennent avec les règles de droit.
22 L’article de Christian Mouhanna se penche justement sur le nouveau Code de déontologie de la Police nationale et de la Gendarmerie nationale, qui a été adopté en 2014. Ce Code de déontologie vise à canaliser les manières d’agir à l’égard des administrés par des procédures formelles orientées vers un traitement équitable. L’auteur s’interroge notamment sur les raisons qui poussent de nombreux policiers à critiquer ce texte. Selon lui, cette mauvaise réception est liée au fait que le code ne clarifie pas véritablement les attitudes et comportements qui sont attendus de la part des agents travaillant au contact du public. Au lieu de cela, il réaffirme leur devoir d’obéissance à une hiérarchie distante et accentue les injonctions contradictoires que celle-ci fait peser sur eux (entre impératif de productivité et exigence d’équité. Le manque de clarté des règles déontologiques a pour effet d’accroître la marge de liberté dont disposent les policiers pour produire les interprétations qui les arrangent. Mais beaucoup de policiers de terrain craignent aussi que ce manque de clarté n’élargisse dans le même temps la marge de manœuvre de leur hiérarchie dans l’appréciation après-coup d’une intervention qui aurait mal tourné. L’article laisse entrevoir à quel point la qualité du rapport des agents de terrain avec leur public dépend des attentes mutuelles entre agents de terrain et leur hiérarchie. Tout ceci réduit la portée du code en termes d’imposition de pratiques équitables. Cet article rend compte des facteurs qui inhibent le changement des pratiques policières, ainsi que du caractère symbolique, voire de faux-semblant, que revêtent souvent les politiques de rapprochement avec le public.
23 Anne Wuilleumier analyse un autre type d’innovation institutionnelle relevant du paradigme territorialisé-préventif, à savoir l’intervention de policiers-éducateurs en milieu scolaire pour y déployer une « pédagogie engagée du droit ». Le but de ces initiatives est de renforcer la socialisation au droit des élèves et de dissuader ceux-ci de s’adonner à différentes pratiques transgressives (usage de drogue, harcèlement, comportements discriminatoires, etc.). L’auteure compare les dispositifs pédagogiques qui ont été mis en place en France et au Canada, ainsi que les diverses stratégies rhétoriques employées par les policiers-éducateurs de part et d’autre de l’Atlantique. L’approche canadienne promeut « la construction d’un continuum inclusif d’acteurs sociaux » en charge de maintenir collectivement l’ordre juridique, dans lequel les jeunes sont institués comme « acteurs de la sécurité » et « auxiliaires de la justice ». Dans ce cadre, la police est présentée comme un ultime recours, dont le rôle est d’exercer une action répressive « lorsque les stratégies sociales de gestion des conflits ou de résolution des problèmes ont été impuissantes à contenir leur manifestation ». La démarche française est différente. Les policiers-éducateurs cherchent à convaincre les jeunes de la valeur des règles juridiques en insistant sur leur utilité (protéger l’individu contre les risques) et leur légitimité (permettre le vivre ensemble dans une société démocratique), mais aussi en sensibilisant les élèves à la perte d’opportunités sociales qu’engendre le fait d’être sanctionné pénalement. Les intervenants français placent l’accent sur la substance des règles juridiques tandis que leurs homologues canadiens s’attachent à transmettre un savoir procédural (par exemple être capable de détecter et de signaler des infractions).
24 Thierry Delpeuch et Jacqueline E. Ross interrogent quant à eux le lien existant entre, d’une part, les instruments qu’utilisent les organisations policières pour connaître leur environnement d’action et, d’autre part, les philosophies des rapports police-population que ces organisations mettent en pratique. Les auteurs montrent la grande malléabilité des outils policiers d’intelligence de ce point de vue. Contrairement à ce que suggèrent les théories d’inspiration foucaldienne, un instrument d’intelligence n’incarne pas et ne véhicule pas, en lui-même, une conception particulière du mandat policier et de la manière de l’exercer. Au contraire, les outils d’information et de connaissance font l’objet d’appropriations plurielles et peuvent être placés au service de conceptions hétérogènes des relations police-population. Ainsi, les techniques d’analyse stratégique, qui avaient originellement été introduites dans le monde policier pour étayer les approches « territorialisées-préventives » de « police de résolution de problème », ont par la suite été adaptées aux démarches de « police guidée par le renseignement criminel » et à leur philosophie d’action « managériale-répressive ». De même, cet instrument de recueil d’information qu’est l’infiltration policière peut être adapté à une grande variété de cadres d’action, dont chacun induit des relations spécifiques avec les destinataires du travail policier : l’investigation judiciaire des formes graves et organisées de criminalité, la police des activités politiques, le contrôle des mœurs, ou encore la réduction des désordres urbains. L’approche comparative montre comment les outils changent le rapport qu’ils induisent avec le public selon le contexte institutionnel dans lequel ces outils s’inscrivent.
25 Ces contributions qui comparent les cultures professionnelles de différents pays (Anne Wuilleumier ; Thierry Delpeuch et Jacqueline E. Ross) ; les unités de terrain de différentes villes dans un même pays (Jacques de Maillard et Matthieu Zagrodzki) ; différents genres d’unités de terrain dans un même territoire (Marie Morelle) ; et croisent le regard de différents types de policiers sur le même objet (Christian Mouhanna) laissent entrevoir combien ce regard comparatif est précieux lorsqu’il s’agit d’apprécier le pluralisme des cultures professionnelles. Ce même regard permet d’interroger les facteurs institutionnels et locaux qui peuvent expliquer pourquoi des missions apparemment semblables s’incarnent de manière différente sur le terrain. En filigrane se dessine une image de la police où les rapports entre police et population procèdent des choix politiques opérés par le sommet et mis en œuvre par la hiérarchie locale qui définit les priorités, les mesures de performances, les marges de manœuvres, les rapports entre unités ainsi que les tâches qui leur sont confiées.
Notes
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[1]
Trois ouvrages séminaux sont : Jerome H. Skolnick, Justice without Trial: Law Enforcement in a Democratic Society, New York : John Wiley & Sons, Inc., 1966 ; Egon Bittner, The Functions of the Police in Modern Society: A Review of Background Factors, Current Practices, and Possible Role Models, Chevy Chase, Md., National Institute of Mental Health Center for Studies of Crime and Delinquency, Crime and Delinquency Issues, 1970 ; Albert J. Reiss, The Police and the Public, New Haven : Yale University Press, 1971.
-
[2]
John P. Crank, Understanding Police Culture, Abingdon : Routledge, 2e éd., 2004 ; Peter K. Manning, Police Work: The Social Organization of Policing, Prospect Heights, IL : Waveland Pr Inc, 2e éd., 1997 ; Dominique Monjardet, « La culture professionnelle des policiers », Revue française de sociologie, 35 (3), 1994, p. 393-411 ; Jerome H. Skolnick, Justice without Trial: Law Enforcement in a Democratic Society, New York : Wiley, 3e éd., 1994 ; Malcolm Young, An Inside Job: Policing and Police Culture in Britain, Oxford : Oxford University Press, 1991 ; Simon Holdaway, Inside the British Police: A Force at Work, Oxford : Basil Blackwell, 1983.
-
[3]
Clifford Shearing et Richard V. Ericson, « Culture as Figurative Action », British Journal of Sociology, 42 (4), 1991, p. 481-506.
-
[4]
P. A. J. Waddington, « Police (Canteen) Sub-culture: An Appreciation », British Journal of Criminology, 39 (2), 1999, p. 287-309; Janet Foster, « Police Cultures », in Tim Newburn (ed.), Handbook of Policing, Cullompton : Willan Publishing, 2003, p. 196-227 ; Eugene A. Paoline, « Taking Stock: Towards a Richer Understanding of Police Culture », Journal of Criminal Justice, 31 (3), 2003, p. 199-214.
-
[5]
Dominique Monjardet, Ce que fait la police, Paris : La Découverte, 1996 ; Jerome H. Skolnick, Justice without Trial, 3e éd., op. cit. ; John K. Muir, Police: Streetcorner Politicians, Chicago : Chicago University Press, 1977.
-
[6]
Eugene A. Paoline, « Taking Stock: Towards a Richer Understanding of Police Culture », art. cité ; Robert Reiner, The Politics of the Police, Oxford : Oxford University Press, 2000 ; John P. Crank, Understanding Police Culture, op. cit.
-
[7]
Dominique Monjardet, Ce que fait la police, op. cit. ; Jerome H. Skolnick, Justice without Trial, 3e éd., op. cit. ; John Van Maanen, « The Asshole », in Peter K. Manning et John Van Maanen (eds.), Policing: A View from the Street, New York : Random House, 1978, p. 221-237.
-
[8]
Egon Bittner, « The Police on Skid-Row: A Study of Peace Keeping », American Sociological Review, 32 (5), 1967, p. 699-715 ; P. A. J. Waddington, « Police (Canteen) Sub-culture: An Appreciation », art. cité.
-
[9]
Jerome H. Skolnick, Justice without Trial, 3e éd., op. cit. ; John Van Maanen, « The Asshole », op. cit.
-
[10]
Janet Foster, « Police Cultures », op. cit.
-
[11]
John P. Crank, Understanding Police Culture, op. cit. ; Eugene A. Paoline, « Taking Stock: Towards a Richer Understanding of Police Culture », art. cité ; Jerome H. Skolnick et James J. Fyfe, Above the Law. Police and the Excessive Use of Force, New York : The Free Press, 1994.
-
[12]
Dominique Monjardet, Ce que fait la police, op. cit.
-
[13]
Jerome H. Skolnick, Justice without Trial, 3e éd., op. cit.
-
[14]
Dominique Monjardet, « La police : professionnalisme et modernisation », in Philippe Warin (dir.), Quelle modernisation pour le service public ? Les usagers au cœur des réformes, Paris : La Découverte, coll. « Recherches », 1997, p. 131-151.
-
[15]
Jean-Hugues Matelly et Christian Mouhanna, Des chiffres et des doutes, Paris : Michalon, 2007 ; Peter K. Manning et Jennifer Hunt, « The Social Context of Police Lying », Symbolic Interaction, 14 (1), 1991, p. 51-70.
-
[16]
Janet B. Chan, Changing Police Culture : Policing in a Multicultural Society. Cambridge : Cambridge University Press, 1997.
-
[17]
Robert Reiner, The Politics of the Police, op. cit.
-
[18]
Dans les polices anglo-saxonnes, la plupart des policiers sont recrutés à la base et commencent leur carrière dans les services de voie publique. Tous partagent l’expérience de la patrouille. Ce creuset commun de la socialisation professionnelle engendre des cadres de pensée moins hétérogènes que dans la police française, où coexistent une variété de modes de recrutement et où la spécialisation professionnelle intervient dès l’entrée dans la police. Pour une discussion de la littérature sur la culture policière, voir Fabien Jobard et Jacques de Maillard, Sociologie de la police. Politiques, organisations, réformes, Paris : Armand Colin, coll. « U », 2015, p. 99-110.
-
[19]
Janet Foster, « Police Cultures », op. cit.
-
[20]
P. A. J. Waddington, « Police (Canteen) Sub-culture: An Appreciation », art. cité.
-
[21]
Didier Fassin, La force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, Paris : Seuil, 2011.
-
[22]
Fabien Jobard, « Anthropologie de la matraque », La Vie des idées, 29 novembre 2011, <http://www.laviedesidees.fr/Anthropologie-de-la-matraque.html>.
-
[23]
Herman Goldstein, « Improving Policing: A Problem Oriented Approach », Crime and Delinquency, 25 (2), 1979, p. 236-258 ; James Q. Wilson et George Kelling, « Broken Windows: The Police and Neighborhood Safety », Atlantic Monthly, 249 (3), 1982, p. 29-38 ; Robert Trojanowicz, An Evaluation of the Neighborhood Foot Patrol Program in Flint, Michigan, East Lansing : The National Neighborhood Foot Patrol Center, Michigan State University, 1982.
-
[24]
Anthony A. Braga et Christopher Winship, « Partnership, Accountability, and Innovation: Clarifying Boston’s Experience with Pulling Levers », in David Weisburd et Anthony Braga (eds.), Police Innovation: Contrasting Perspectives, Cambridge : Cambridge University Press, 2006, p. 171-187.
-
[25]
Michael J. Palmiotto, Community Policing. A Police-Citizen Partnership, New-York ; Routledge, 2011 ; Stephen Mastrofski, « Community Policing: A Skeptical View », in David Weisburd et Anthony A. Braga (eds.), Police Innovation: Contrasting Perspectives, op. cit., p. 44-73 ; Wesley G. Skogan et Susan M. Hartnett, Community Policing, Chicago Style, New York : Oxford University Press, 1997.
-
[26]
Johannes Knutsson (ed.), Problem-Oriented Policing, Boulder : Lynne Rienner Publishers, 2010 ; Anthony A. Braga et David Weisburd, « Problem-Oriented Policing: The Disconnect Between Principles and Practices », in Id. (eds.), Police Innovation: Contrasting Perspectives, op. cit., p.133-154 ; Herman Goldstein, Problem-Oriented Policing, New York : McGraw-Hill, 1990 ; John Eck et William Spelman, « Problem-Solving: Problem-Oriented Policing In Newport News », in Geoffrey P. Alpert et Roger G. Dunham (eds.), Critical Issues in Policing: Contemporary Readings, Long Grove, IL : Waveland Press, 4e éd., 1989.
-
[27]
Tom R. Tyler, « Police Legitimacy », The Annals of the American Academy of Political and Social Science, 593, 2004, p. 84-99 ; Tom R. Tyler, , Stephen Schullhofer et Aziz Z. Huq, « Legitimacy and Deterrence Effects in Counterterrorism Policing: A Study of Muslim Americans », Law and Society Review, 44 (2), 2010, p. 365-402 ; Tracey L. Meares, « The Legitimacy of Police Among Young African-American Men », Marquette Law Review , 92 (4), 2009, p. 651.
-
[28]
Robert Reiner, The Politics of the Police, op. cit.
-
[29]
James Q. Wilson, Varieties of Police Behavior, Cambridge, Ma. : Harvard University Press, 1968.
-
[30]
Sur les styles de police, voir également l’introduction de l’article de Jacques de Maillard et Matthieu Zagrodzki dans ce dossier.
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[31]
P. A. J. Waddington, « Police (Canteen) Sub-culture: An Appreciation », art. cité ; Janet B. Chan, Changing Police Culture, op. cit.
-
[32]
Dominique Monjardet, Ce que fait la police, op. cit.