Un premier groupe de travaux s’intéressant au processus de formation d’un espace politique européen l’analyse à travers l’émergence de relations, de politiques et d’organisations communautaires. Ces recherches ont en commun, par la nature même de leur questionnement et parce qu’il s’agit de rendre compte d’un transfert, de se construire sur des oppositions entre États et acteurs trans/supranationaux dans ce qui apparaît être un jeu à somme nulle. Dans le prolongement des affrontements en relations internationales, ces travaux sont par ailleurs centrés sur l’identification des « responsables » de ces transformations. En cela, ils ne permettent pas de « saisir la diversité des configurations d’acteurs et la dynamique différenciée des échanges politiques, des réseaux et des hiérarchies qui caractérisent l’Union européenne » [Lequesne et Smith, 1997, p. 17]. Le succès récent de la notion d’européanisation peut être rapporté à ces critiques. En effet, l’affirmation, malgré le caractère ancien de ce terme, du débat sur l’européanisation, résulte d’une part de la mise en œuvre de programmes de recherche centrés non sur les mécanismes de production de politiques communautaires, mais sur les transformations nationales dues à l’Union européenne [Borzel et Risse, 2003 ; Radaelli, 2003]. Ils ont en cela mis l’accent sur la dimension nationale, non purement « bruxelloise » de la formation de l’Europe. Ce succès peut être relié, d’autre part, au développement de nouvelles manières de « faire de l’Europe », à travers par exemple des dispositifs de régulation en réseau, comme les agences [Dehousse, 1997], ou la méthode ouverte de coordination [Dehousse, 2004b]…
Date de mise en ligne : 01/04/2012