Quel est l’impact de la formation d’une évaluation européenne sur la protection de la santé publique ? Un citoyen européen qui souhaiterait trouver une réponse à cette question dans les publications disponibles aurait toutes les raisons d’éprouver les pires inquiétudes. La baisse du niveau d’exigence des régulations sanitaires du fait de la concurrence entre autorités nationales et des délais courts caractérisant les procédures européennes est en effet généralement soulignée [Abraham et Charlton, 1995 ; Abraham et Lewis, 2001]. Dans une grande revue scientifique, le Lancet, les professeurs Silvio Garattini (membre italien du CSP) et Vittorio Bertele ont publié en 2001 un article intitulé « Adjusting Europe’s Drug Regulation to Public Health Needs », dans lequel ils proposaient des réformes pour que le système européen soit davantage orienté vers l’intérêt public [Garattini, Bertele, 2001]. Ils mettaient en cause le mode de financement de l’EMEA par des redevances industrielles, son appartenance à la DG Entreprise et le fonctionnement de la procédure de reconnaissance mutuelle. En outre, des revues médicales indépendantes ont formulé des critiques virulentes pour infléchir la conception actuelle de l’évaluation des médicaments en Europe et le fonctionnement du système européen. La revue Prescrire a par exemple publié un dossier intitulé « Redresser le cap de la politique du médicament » [Prescrire, 2002a, 2002b] ; elle titrait très explicitement dans un article de celui-ci « La politique du médicament au service de l’industrie » …
Date de mise en ligne : 01/04/2012