Le système européen d’enregistrement des produits pharmaceutiques et avec lui l’Agence européenne des médicaments ont été récemment accusés de manifester un biais pro-industriel [Abraham et Lewis, 2001]. Les agences du médicament feraient passer les intérêts des firmes, congruents avec leurs propres intérêts particuliers, avant la défense de l’intérêt public. La mise en évidence de la place des logiques de concurrence entre les autorités sanitaires dans l’intégration européenne conduit effectivement à s’interroger sur une possible dérive clientéliste des autorités sanitaires. Les laboratoires pharmaceutiques peuvent choisir les autorités qui réaliseront l’évaluation de leur produit et celles-ci perçoivent des redevances pour la réalisation de ce travail. Or, la transformation des administrations publiques en agences indépendantes a renforcé la dépendance de ces structures envers ces financements privés.
Pour penser les liens devant exister entre les firmes pharmaceutiques et les agences de régulation, une première attitude consiste à minimiser les conflits entre les intérêts des firmes et l’intérêt public. Elle est adoptée, plus ou moins explicitement, par certains auteurs, notamment américains, critiques sur les régulations publiques [Quirk, 1980]. L’accent est alors mis sur les cercles vertueux suivants :
l’amélioration de la santé publique résulte principalement de la découverte de nouveaux médicaments ;
le développement de nouveaux traitements dépend des investissements de recherche des entreprises privées …
Date de mise en ligne : 01/04/2012