Aux origines de l’alpinisme, il s’agissait d’atteindre le sommet par tous les moyens (période de la conquête des sommets par les voies normales. Ascensions emblématiques du mont Aiguille en 1492, du mont-Blanc en 1786).
Par la suite, l’escalade artificielle permettra d’aborder les grandes faces. Ce fut une pratique « normale » et exclusive de l’escalade jusque dans les années 1960 (utilisation des points d’assurage pour la progression, l’objectif principal étant toujours le sommet).
L’évolution vers l’escalade « libre » (i. e. non artificielle) sera progressive et marquée par quelques noms symboliques, comme celui de Pierre Allain. Celui-ci découvre l’escalade à Fontainebleau vers 1920 et va y développer une pratique de très haut niveau ; il réalise ses premiers exploits à Chamonix une décennie plus tard. Comme ensuite Robert Paragot, il s’astreint à une pratique quasi quotidienne. Cet entraînement va permettre aux grimpeurs d’affronter des difficultés jusqu’alors inédites, dans les Alpes puis en Himalaya.
On commence à parler d’« escalade libre » avec Claudio Barbier en Belgique au milieu des années 1960. Celui-ci décide de peindre en jaune les pitons inutiles pour la progression (les points d’assurage ne devant plus être utilisés pour la progression, mais uniquement pour la sécurité). En France, Jean-Claude Droyer se fera le porte-parole d’une telle pratique, qui se développe massivement dans le monde anglo-saxon ; en 1975 « Le triomphe d’Éros » (voie qu’il ouvre dans les gorges du Verdon) apparaît emblématique de cette nouvelle approche…